- EN-FIN !

Un coup de frein, et la voiture s'arrêta. Il était temps que Nikita arrive, l'uniforme de l'école gratte aux fesses quand on est assis trop longtemps. Il y avait un bordel sans nom sur le siège passager à sa gauche. La belle avait pour habitude de s'étaler lors des longs voyages ennuyeux, et celui de Castlebar à Westfield Institut fut quelque peu ... Boring. Vogue Magazine, un paquet de Winston et un Smartphone dernier cri rejoignirent son sac. Pas pressée, elle prit son temps pour sortir. En jetant un coup d'oeil par la fenêtre, elle aperçut les regards de ses futurs camarades de classe.

*Déprimant. Ils sont tous là à baver sur ma bagnole. Bon, d'accord, une superbe Lowrider version anglaise, noire de jais, pas un poil de poussières, vitre teintées, mon rêve. L'Amérique à mes pieds avec une simple caisse.*

Un coup d'oeil dans le rétroviseur, une nouvelle couche de rouge à lèvre, et c'est parti. Elle chausse ses hauts talons. Dix centimètres de plus ne sont pas négligeables. Oui, c'est une arnaqueuse, elle conduit en baskets, mais après tout, personne ne mate ses pieds en voiture. Le sac au bras, elle sort. Mal garée. Mais alors vraiment, vraiment mal. Tant pis ! Valise sortie rapidement du coffre, clic clic, voiture fermée, il faut y aller. Un jeune homme se mit à courir vers Nikita. Le début des emmerdes, déjà. Il s'arrêta à sa hauteur, essoufflé.

- M.. M.. Mademoiselle, ça n'est pas une ...
- Pas une place, je sais. Aucune importance.

Elle continua de marcher sans le regarder. A en croire les bruit autour, il était resté à la même place, la regardant partir.

* Pitoyable. Alors c'est ça Westfield ? Pff, ne jugeons pas sur un aperçu. J'ai besoin d'un clope. *

Elle se dirigea vers le banc inoccupé le plus proche, posa sa valise à même le sol, et prit son paquet de cigarette. Clope au bec, elle était le parfait cliché de la pétasse, et elle aimait ça.

Le punk sortit de l'établissement, clope au bec. Cette dernière avait apparemment pas mal souffert, vu la tronche du paquet qui dépassait de sa poche. Il fumait des Lucky Strike depuis que sa tante lui avait dit que ça réduisait l'espérance de vie. Il ébouriffa ses cheveux, et avança vers une rangée de bancs. Dur, il était pas seul. Il s'installa, remuant les évènements qui venaient de se dérouler.

Il venait de faire la connaissance d'un albinos complètement amorphe, et d'une métisse à l'air innocente, mais qui ne semblait en avoir que l'air. C'était pas si mal, ça promettait de bons moments. Enfin, si ceux-là décidaient de continuer à demeurer intéressants. Sohan était ce genre de personnes qui ne jugeaient l'intérêt des gens qu'en fonction de l'amusement ou de la réflexion qu'ils apportaient. Rain était un loisir à regarder et à écouter. Elle passait du vulgaire à l'élégant en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Et Noah, lui, était peut-être aussi amorphe qu'une limace, mais il semblait continuellement réfléchir, et ses paroles étaient d'une rare intelligence. Il alluma enfin sa clope. Du moins, il essaya. Merde, briquet mort. Il se leva, et alla voir la nana qui était juste en face.

- S'cuse moi. Tu aurais du feu ? Parait que c'est...

Il s'arrêta. Devant lui, sa cousine, Nikie. Putain. 4ans s'écoulaient dans sa tête. Il aurait du la reconnaitre du premier coup : cette allure de pute effarouchée, cette crinière aussi rousse que la sienne, et surtout, cet air particulièrement méchant, ce cliché de pétasse à en vomir son déjeuner. Il resta là, comme un con, sa phrase demeurant perdue quelque part dans l'atmosphère.

La dernière fois que Sohan avait vu Nikita, c'était à Swansea. Ils avaient passé le plus clair de leur temps à débattre de savoir si Helen, leur tante, allait oui ou non un jour se trouver quelqu'un. Ils avaient pourri la vie de la hippie, ne lui parlant que pour la rabrouer. La seule différence entre Nikita et son cousin, c'était leur goût de fringues. Niki'Ell, comme il l'appelait, était son sosie, presque sa sœur. Et pourtant, ils passaient le plus clair de leur temps à s'en foutre plein la gueule, se traitant mutuellement de divers noms qu'il ne valait mieux pas entendre.

Merde. Décidément, la journée du rouquin allait rester gravée dans les anales.

* Il n'a pas changé. Pas un poil de cul. Rien n'a bougé, c'est effarant. *

Sohan. Sohan Stewart se tenait devant elle avec des yeux plus grand que son trou de balle. Son cousin, pas moins, pas plus. A près 4 ans, faut avouer que c'est choquant. Elle ne l'avait pas vu arriver, trop occupée avec sa dose de nicotine. La première chose qu'elle a vu, ce sont ses Creepers. Les fameuses pompes, celles qu'il avait acheté aux dernières vacances ensemble chez Helen, LES pompes qui lui avait valu un fou rire mémorable et qui avait vexé le cousin comme jamais. Il avait fait la gueule pendant trois jours, et même avec 5 centimètres de plus, n'atteignait pas la vertigineuse hauteur de sa cousine, pourtant plus jeune.

- ... mieux pour allumer une clope ? Le feu que tu as au cul ne te suffit plus, Sohan ?

Elle lui tendit son briquet, sourire narquois aux lèvres. Simple entrée en matière qui signifiait la reprises des hostilités verbales, comme au bon vieux temps. Elle ne s'attendait vraiment pas à le voir ici. Comment payait-il les droit d'entrée ? Encore un coup d'Helen ça, elle l'avait toujours adoré, fils par procuration. Elle le dévisagea le temps qu'il allume sa clope. Toujours le même.

* Note personnelle, pour noël, un miroir ne serait pas de trop. *

Piercé de partout. Elle même était piercée, mais pas à outrance. Leur premier piercing, c'était ensemble. Son labret, et elle, son septum. Au fil de ces quatre années, un dizaine de piercing avait rejoint le labret inaugural. Ses cheveux ne ressemblaient à rien. En bataille, pleins de noeuds, prêts à dreadés et roux. Roux, toujours roux, pas de doutes, aux yeux des 4 clampins sur le banc d'en face, Nikita et Sohan faisait parti du même clan. Ce qui avait ses avantages ... et ses inconvénients. Il lui rendit son briquet, et tira sur sa clope. Elle sortit son septum de ses narines, comme pour provoquer le souvenir.

* L'année commence fort ... *

Il restait là, debout, à observer sa cousine. Putain de merde, elle avait pas changé, toujours aussi acerbe. Il vit qu'elle regardait ses Creepers, et su immédiatement ce à quoi elle pensait. Il avait acheté ses pompes pour tenter de rattraper sa cousine niveau taille, mais ça n'avait pas été une réussite. Enfin, maintenant, il s'était amplement rattrapé. Mais cette radasse trichait ; ça le fit sourire. Il lui rendit son briquet.

- Moi aussi, j'suis content de te revoir, vieille pute.

Il s'assit à côté d'elle. Diantre qu'elle était belle. Nikie avait toujours été une vraie pin-up, et elle le savait. Elle en jouait, et elle aimait ça. Ils avaient d'ailleurs passé le plus clair de leurs dernières vacances à se faire payer des verres ; il l'accompagnait, elle séduisait, et la Guiness coulait à flots. Ils avaient tenté l'inverse, et Sohan prenait un malin plaisir à séduire les filles, pour finalement rouler une pelle au premier gay qui passait par là. Ils formaient un duo que tout le monde craignait, à Swansea.

~ Putain, elle m'avait manqué... ~

Il le pensait, mais il n'avait pas besoin de lui dire ; Nikita savait parfaitement ce qu'il pouvait ressentir. C'était comme signer un contrat avec le diable : devenir ami avec Nikita signifiait lui accorder tout son temps, et être son égal. Être son cousin avait au moins l'avantage de savoir des choses sur elle que personne ne saurait jamais. Comme la fois où ils avaient foutu le feu au tapis d'Helen, quand ils avaient huit ans. Ah, les joies des cheminées... Heureusement que leur tante était hippie, sinon elle aurait tué ces deux là depuis des années. Au fond, ils lui en faisaient voir de toutes les couleurs, mais ils adoraient leur tarée de tante, qui était devenue un avatar assez réussi d'Ellie.

Ellie, sa mère. Elle aimait beaucoup Nikie. L'inverse, par contre, il avait des doutes, Nikita n'aimant pas grand monde. Elles partageaient le même prénom, ce qui agaçait Nikie quand ils étaient gamins. Elle était possesive, jusqu'à son prénom. Son père, Aodh, avait bien fait de continuer dans la lignée des prénoms peu communs. Si Nikita s'était appelée Jennifer, même les magasins du même nom auraient du fermer. Et vu la fortune de l'oncle de Sohan, ça n'aurait pas été très difficile. Il n'aimait pas tellement Aodh Stewart, fidèle représentant de la gente masculine de leur famille. Riche, beau gosse, et certainement aussi drogué que son père était alcoolique. M'enfin, on ne parlait pas de la famille, avec Nikie, et cela l'arrangeait. Il savait, toutefois, qu'elle lui parlerait de Noah, son père.

- Quoi de nouveau dans la vie de Miss Parfaite ?

Il tapota ses Creepers sur le sol. Tic un jour, tic toujours.

Clap, clap, clap, clap.
Toujours le même tic.

- Ca t'intéresse tant que ça ?

Elle retira le foulard qu'elle avait autour du coup. La banc était face au soleil, et il commençait à cogner assez fort en cette fin de matinée. Elle hésita à retirer sa veste. Un coup d'oeil aux alentours. 5 mecs. * Hum, on frolerait l'hécatombe, ne tentons pas le diable * se dit elle en souriant. L'uniforme avait beau être sobre, il était clairement saillant, mettait ses formes en valeurs et donnait cet air 50's qu'elle aimait tant. Une vraie "pin-up". Sohan l'appelait souvent ainsi, se moquant joyeusement de son attrait pour les fringues et le paraître. Son Smartphone se mit à sonner. Une de ces chansons dont on ne penserait pas qu'elle écouterait. Un ancien tube d'Eminem maintes fois digéré par le grand public. Bizarrement, il reprenait toute sa classe.

- Allô ? Oui ! Oui je suis bien arrivée, ne t'en f... Non, non les cours n'ont pas comm... Bon tu me laisses parler oui ? Papa, tu devineras jamais qui j'ai à côté de moi ! Sohan ! ...

Elle retira le téléphone de son oreille, et se mit à rire, toute seule. L'ensemble des prépubères présent dans la cour se mit à la regarder. Seul Sohan continuait de tirer sur sa clope, l'air de rien.

- Il a raccroché !

Sohan inspirait longuement sur sa cigarette en faisant un bruit d'asthmatique. Il fumait ainsi à cause de ce cadeau hérité de sa mère : des poumons fragiles. Quand ils avaient commencé à fumer en douce, Nikita se foutait ouvertement de sa gueule, lui disant que même leur grand-mère ne crapotait pas comme lui. Il vit aux alentours 5 mecs différents, et vit Nikita amorcer un geste pour retirer sa veste. Rah, la garce, elle commençait déjà à penser à son apparence !.. Sacrée Niki'Ell.

- Disons que le récit de tes histoires de cul m'ont toujours bouleversé.

Il éteignit sa clope sous sa semelle, s'en alluma une autre. Un vrai toxico.

- Sachant qu'on avait même pas 16ans à l'époque, j'imagine même pas passé la majorité.

Puis, son portable sonna. Il savait que c'était Aodh, son oncle, qui se souciait du bien-être de sa fifille adorée. Son oncle et lui entretenaient une relation de rivalité. Ce dernier, à l'instar de sa fille, était d'une débilité profonde et sans précédents à ses yeux. Ouais, il avait été assez malin pour rafler plus des 3/4 de l'héritage de Stewart Senior, mais ça n'aurait jamais été possible sans l'aide de son propre père. Noah, le père de Sohan, avait magouillé avec Aodh pour rafler le pactole, laissant Helen, leur sœur hippie, dans une merde financière noire. Mais Aodh, véritable requin, s'était finalement tiré avec le fric. Toutefois, Noah ne lui en voulait pas. Le père de Sohan était une énigme : il avait pardonné à son frère de l'avoir trahi, mais il n'avait pas pardonné à son fils d'être simplement venu au monde. Quoiqu'il en soit, Aodh n'aimait pas Sohan, et ce dernier le lui rendait bien. Ce fut donc sans surprise qu'il apprit qu'Aodh avait raccroché au nez de sa fille quand celle-ci lui dit qu'il était à ses côtés. Il eut un rire vachard.

- Normal qu'il ait raccroché. Ton pater n'a jamais pu voir ma gueule en peinture. Question de génétique.

Nikita jetta le téléphone dans son sac et soupira.

- Génétique ? MMh ... Faut voir ! *grand sourire* Mes histoires de cul ... A peu près tout ce qui est potable et qui se dandine devant moi. Entre 15 & 35 ans. Rien n'a changé, et j'n'ai même pas encore atteint la majorité. Quant à mon paternel ... Non, parlons du tiens plutôt !

Elle se mit à rire. Sa clope était consumée depuis un moment, mais elle avait gardé le mégot entre les doigt par habitude. Elle le jeta derrière elle, quelqu'un le ramasserait bien comme trophée. Elle ne comptait pas lâcher Sohan. Être seule ne la dérange aucunement, mais elle comptait bien retrouver l'alliance caustique d'autrefois avec ce dernier. Un coup de cheveux roux à la L'Oréal, grand sourire, elle remet sa jupe ... & en aperçoit un, au fond, qui bave.

- Hey Sohan, mate derrière !

Sohan resta impassible, souriant. Il savait qu'elle tapait exprès dans cette faiblesse, pour le pousser à entretenir sa haine contre Noah Stewart. Il accéléra le « clap-clap-clap » de ses Creepers sur le sol, signe qu'il s'excitait tout seul. Après tout, il avait tant à raconter à sa cousine que c'en était hallucinant. 4 années venaient de s'écouler sans que les Inséparables ne se soient retrouvés au coin de cette vieille cheminée délabrée que leur tante Helen passait tant de temps à nettoyer. Un petit moment venait de s'écouler, sa cousine venait de se la jouer Head'n'Shoulders, et il se décida à répliquer.

- Boh. La routine quoi. De mon côté, c'est pas bien mieux. J'ai failli causer une attaque à Helen en lui ramenant un type plus âgé que moi de 10ans... Bon, il a viré dès le lendemain, mais rien que pour la tête que Super-Hippie a faite, j'aurais du le garder une journée d'plus.

Il écrasa sa clope.

- Quant à mon père, même de là où il est, il continue de me pourrir l'existence. C'est à cause de lui si j'ai fini à Westfield. Helen & moi partageons un point de vue à son sujet bien trop différent.

Sortie d'une clope. Décidément.

- M'enfin. Mon deuil est fait, puisque apparemment je ne serais pas le seul à subir ce coin pourri.

Il avait eut une dispute monumentale avec leur tante, sur le fait « d'éliminer » son père. Ça n'était, bien entendu, que théorique, mais Helen avait vu une alerte dans le comportement de Sohan. Elle décida, pour son bien, de le faire changer d'établissement. Cela coutait cher, et elle n'était pas aidée par sa famille, qui l'avaient chassée du domaine familial il y a de ça des années. Helen était, comme Sohan, une marginale. Perdu dans ses pensées, il sursauta à l'appel de Nikie. Il se retourna.

- Et voilà, ça fait pas vingt minutes que t'es dans le bahut que t'as déjà un fan.

Et il explosa de rire. L'année qui arrivait promettait de belles parties de joutes verbales !

Ils rirent ensemble.

- Et encore, c'est le deuxième ! Tu en as loupé un ... Elle regarde sa voiture - C'est vrai que c'etait vraiment pas l'endroit idéal.

Elle prend son sac, le pose sur ses genoux, et repart à la recherche de ses Winston, et du briquet qui va avec. Voir Sohan enchaîner clope sur clope lui donnait envie. Etaient - ils les seuls à fumer ? Elle ne voyait personne d'autre la clope au bec. La clope était elle permise dans l'établissement ? Fallait pas trop rêver. A tester.

- Bon et sinon, t'as rencontré du monde ?

Elle avait décidé de ne pas revenir sur les histoires de famille. Débuter l'année sur de mauvais souvenirs de leurs géniteurs respectifs était un mauvais choix. Pimbèche oui, mais ça reste son cousin...

Sohan continuait de rire. Sa cousine avait le chic pour faire tourner les têtes, et ça avait toujours été entre eux un sujet de plaisanterie. Le nombre de paquets de clopes économisés grâce à leur charme n'était plus à compter. Il la regardait fouiller son sac, sachant très bien qu'elle allait en rallumer une, elle aussi. Deux vrais toxicos. Il était ravi de la voir à Westfield. La vie dans l'établissement ne serait pas la même, si elle était là : ils deviendraient très vite les deux têtes à abattre. Et le pire ? Il aimait cette idée.

- Héhé. A mon avis, en quatre ans, j'en ai pas loupé qu'un !

Il arrêta de tapoter ses pompes sur le sol. Étrange. Mais il passa à son second tic, tordre son écharpe. Son hyperactivité n'était décidément plus à prouver. Il était content qu'elle ait décidé de changer de sujet. Leur famille restait leur faiblesse respective. Ils ne pouvaient compter que sur leur tante Helen, et l'un sur l'autre. Leurs autres cousins et cousines étaient tous, pour la plupart, des casse-couilles sans intérêt. Il repensa à ses comparses du réfectoire, Rain et Noah.

- Ouais. J'm'attendais à me faire chier dès mon arrivée, mais ya déjà la secrétaire générale, le style vieille célibataire coincée, qui m'a pris la tête. Après, au réfectoire, un type assez cool s'est pointé. Albinos, tu vois, yeux rouges, peau blanche, cheveux blonds platine, quasi-blancs. S'appelle Noah. Pas mal du tout. Un vrai asocial de première. On a passé tout le repas à rabattre le mâche-bites d'un groupe de girlies.

Il racontait ça sur un ton désinvolte, prouvant que la rencontre avait été sympa, mais que rien de spécial n'en était ressorti.

- Apparemment, un musicos. Puis ya une nana aussi, Rain, qui s'est pointée à notre table, la bouche en cœur. J'm'attendais à une sainte-nitouche, mais à en juger par sa manière de parler, ça n'est qu'un air qu'elle se donne. Petite, des yeux bleus à en faire pâlir d'envie la vioque.

Leur grand-mère avait les yeux bleus électriques, couleur due à sa cataracte précoce que l'on avait mal soigné.

- Bref, du peuple tout ce qu'il y a de plus lambda quoi.

Ce mot était un petit clin d'œil ironique à leur situation. Ils se considéraient eux, comme leur propre norme ; c'était donc la preuve par trois que Noah & Rain étaient des gens à rencontrer.

Elle avait entendu sans écouter ce qu'il avait raconté sur ses rencontres de la journée. Le peuple de Westfield ne l'intéressait aucunement, à part si une envie de persécuter la prenait. Ca n'était pas le cas pour le moment. Mais la dernière phrase de Sohan l'interpella.

* Tout ce qu'il y a de plus lambda. *

Le code. La phrase pour lui dire que c'était intéressant, qu'on pouvait peut être en tirer parti, que c'était possiblement de grosses truies affamées de haine et de pouvoir avec un visage d'angelot. Faut voir. Elle jugerait par elle même si ces deux là en valait le coup. Elle avait déjà un allié, et de taille. Il commençait à vraiment faire chaud. Elle retira sa veste et la posa sur son sac, offrant à qui passait par là une plaine vue sur le décolleté vertigineux que provoquait la chemise blanche seyante de l'uniforme. Finalement, c'était pas de la merde ces fringues ! Elle avait hâte d'être au week end, sa valise était pleine à craquer de ses fringues perso et le règlement stipulait que les "moins de 19 ans doivent porter l'uniforme. Ils peuvent porter leurs tenues personnelles le week end." Quel brin. Sohan avait l'air fin, lui aussi, dans cet uniforme, avec ses Creepers aux pieds. Qu'est ce qu'ils fichaient là ?

- Bon, et la mal baisée de l'accueil, elle t'a pas dit quand commençaient les cours ?

[EDIT ADMIN : Attention au nombre de lignes qui n'a pas été respecté deux posts plus haut ! Un petit effort. ]

Sohan avait effectivement enfilé son uniforme, juste après avoir quitté Noah et Rain. Mais il n'avait pas mit les chaussures adéquates. Il était incapable de quitter le « clap clap clap » rassurant de ses Creepers, et le côté négligé que lui donnait ses pompes ne le dérangeait pas du tout, bien au contraire. L'uniforme lui convenait, finalement : porté de manière totalement débraillée, chemise ouverte, veste même pas fermée, lacets défaits. Ses cheveux roux, totalement indisciplinés, lui donnaient réellement l'air d'un punk qui ne se serait pas complètement converti à la vie de lycéen. Il s'alluma une clope, la quatrième donc.

- Dans pas longtemps. J'pense que ça va être d'ici une heure.

Il s'en foutait royalement. Il savait pertinemment qu'il rattraperait le retard sur le programme en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Il eut un sourire pour sa cousine.

- Au pire, t'arriveras en retard. Un coup d'airbags dans la tête de ton prof. Avec un peu de chance, ce seront des Sciences Nat'.

Et voilà, encore à la traiter de pute. Décidément, c'était l'amour vache, entre ces deux là. Il n'avait pas eu besoin de lui demander dans quel cours elle était, tout comme il savait qu'elle saurait dans quel cursus il était sans même lui poser la question. Étrangement, les deux acolytes de toujours avaient choisi deux voies différentes, mais qu'ils abordaient avec la même désinvolture, cumulant les bonnes notes.
Tout à coup, il vit un type s'approcher de sa cousine. Rictus sournois vers Nikie.

- 1er round...

Et il se délecta d'avance du spectacle qu'elle lui réservait.