Maman, oui, parce que finalement, si elle est là, c'est grâce à toi, maman d'Akane. Donc, Maman, l'étendue verte devant elle ne lui fait rien. Strictement rien, comme tellement de chose en ce monde à présent que s'en est presque affligeant. Des gamines à peine plus jeune qu'elle crient et se jettent les unes sur les autres, comme si rien autours d'elles existaient. Et rien autours d'elles n'existaient. Maman, le vent frais de ce jour mélancolique ne la fait plus frissonner. Comme si sa peau avait encore gardé le toucher après avoir fait tant de connerie. C'est impossible. Improbable. Maman, même le soleil dans ses yeux ne la rend pas malheureuse, heureuse ou coléreuse. Elle ne ressent même plus la douleur et ne comprend rien au malheur. Tu sais, Maman, elle n'était pas comme cela, avant. Avant, elle croquait vraiment la vie à pleine dent. Maintenant, ce n'est plus qu'un fantôme qui se garde bien de prendre contact avec le monde des vivants. Il parait que c'est interdit. On ne rigole pas avec les interdits.

Une jupe. Si, si, on lui avait dit de porter une jupe. L'uniforme blablabla. Il ne manquait plus que cela. Elle avait soudainement levé un sourcil devant la sexagénaire passablement excédé de la tenue assez... Décontracté et du nombre impressionnant de piercing de la demoiselle, puis cette même demoiselle avait posé doucement sa main droite sur le bureau de la femme, et s'était penché afin d'avoir la tête à moins de trente centimètre de mamie. Puis elle avait murmuré un jamais à peine inaudible, puis un sourire s'était étalé sur ses lèvres sèches. La vieille furie avait été prise de panique et lui avait vociféré qu'elle ne l'entendait pas de cette oreille et que cela allait lui nuire, et blablabla. Akane avait seulement ravalé l'envie de faire ressortir son côté destructeur et avait annoncé qu'elle n'avait qu'à envoyer une lettre à sa mère, ou l'appeler, cela dépendait de sa modernité et que l'on verrait qui aura raison. Puis, elle l'avait quitté, avant descendu ses affaires dans son dortoir complètement vide et priant pour qu'il le reste encore longtemps, puis elle était sortit de l'établissement.

Elle avait accepté de venir ici car elle pourrait y étudier sa passion. Elle n'aurait plus ses parents sur le dos et tout ses souvenirs enfouies en elle. Elle n'avait même plus vraiment goût à ce qu'elle aimait. La musique ? Finalement, ce n'était pas si important. Les arts appliqués ? Oui, mais à quoi ça sert ? Ne plus entendre ses parents ? Elle ne l'es entendait déjà plus. Elle n'avait plus de passion, plus d'envie. Et si elle était là, c'était peut être pour se prouver qu'elle en avait encore une, une passion. Elle n'y croyait pas et sa présence sur l'herbe verte du parc en faisait bien foie.

Son baggy en jeans, troué aux genoux, son t-shirt tellement large qu'on pouvait en mettre trois comme elle, son sweat noir, ses cheveux d'ébène dans le vent et ses yeux qui s'attardaient sur les mouvements trop rapide de ces demoiselles qui semblaient l'avoir trouvé. Car finalement, avec ce côté je m'en foutiste, elle avait de la classe. Dédaigneuse, elle semblait distante, et elle l'était, et comme si personne ne pouvait l'approcher. Peut être était-ce le cas. Il parait que les rebelles attirent les filles. Elle n'en avait rein à foutre. Mais aux yeux de tous, elle était un mec, et un mec seul attire souvent l'attention de bande de jeunes filles sans mec. Encore plus quand le mec en question n'est pas trop moche et à grave l'air de se faire... De s'ennuyer. L'une d'elle s'approcha de lui/elle tout en gardant un oeil sur ses amies qui gloussaient dirrère elle.

"Salut, t'es tout seul ? Hum, si tu veux, on peut te tenir compagnie."

Akane leva un sourcil dans le direction de la jeune demoiselle, puis, évitant de faire la remarque cinglante du " parce que toi, tu vois quelqu'un ?", c'était tellement évident qu'elle était toute seule. elle glissa seulement ses bras le long de son dos et les appuya sur le sol, avant de se laisser porter par la force de son postérieur et de ses bras, puis elle ouvrit la bouche d'où sa voix rocailleuse et peu féminine retentit.

"A quoi ça sert ?"

Devant le soudain mutisme de sa compagne, et devant ses yeux écarquillés, Akane se dit qu'elle devrait peut être éclaircir la situation. Oui, parce qu'elle venait de dire non avec peu de tact à la demoiselle et celle-ci ne devait pas s'y attendre. Elle souhaitait pourtant simplement être seule.

"Votre joie m'atteins déjà très bien d'où vous étiez. Si vous souhaitez venir ici parler de chose et d'autre, vous pouvez. Mais je n'en vois pas l'utilité."

La pensée qu'elle essayait de la draguer ne lui était certainement pas venue à l'esprit. Ni que la demoiselle venait d'être vexé par le peu d'intérêt de se mec peu éloquent. Elle tourna les talons et raconta en brève ce qui venait de se passer. Akane laissa alors son corps glisser, suivant ses bras, afin de se retrouver le dos contre le sol. Puis elle passa ses bras son sa nuque et ferma les yeux. Le seul sentiment qu'elle aimait encore maintenant, c'était le calme. Et elle était au calme.

La jeune demoiselle avait été remplacé très vite par un jeune damoiseau, l'air blasé. Il avait regardé la jeune fille s'éloigner avant de lui adresser la parole. Un nouveau. Peut être. Après tout, personne ne pouvait connaître tout le monde ici, si ? Et puis, que cela pouvait-il lui faire, à ce mec, qu'Akane soit nouvelle ? Hein ? Strictement rien. Alors, c'était quoi, cette entrée en matière ? Histoire de lui dire un truc pour pouvoir nouer la conversation, sans aucun doute. La jeune fille haussa les sourcils pour toute réponse, ne prenant même pas le temps de détailler le nouveau venu. Elle n'en avait strictement rien à faire que ce gars vienne lui adresser la parole. Lui ou un autre, maintenant ou plus tard. C'était quoi, l'importance ?

Le garçonnet continua sur sa lancé, et se présenta. Il déclina son prénom ainsi que sa nationalité. Puis, il déblatéra des phrases inutiles sur la possible nationalité d'Akane. Celle-ci finit par se redresser, et par poser un regard sur le jeune homme. Brun, un regard un peu perdu, un peu fou, mais qui se voulait neutre, une beau visage, un peu malheureux. Il était beau. C'était la seule chose qu'elle pu se dire, avant même de retenir les informations qu'il lui balançait. Puis, elle essaya de connecter son cerveau et de retenir que ce garçon brun était Vivian. Anglais. Puis, elle frotta ses cheveux noirs, acquiesça sans bruit et se tourna vers le groupe de fille. Elle évita le regard du jeune homme et enfin, parla.

"Akane Hirogami. J'suis japonais, en effet."

Puis, la demoiselle laissa son regard se pose sur un arbre, et imagina qu'un petit écureuil l'escaladait tranquillement, regardant parfois avec inquiétude les alentours. Elle laissa sa tête tomber doucement sur le côté, admirant ainsi un petit nuage duveteux partir loin, imaginant que sa forme allait se changer et ainsi ressembler à un serpent, ou une tortue. Elle espéra que la venue des insectes étaient proches, que la fin de l'année s'approchait plus rapidement lorsqu'elle fermait les yeux et finalement, soupira. Elle était dans la vie réelle. Et pourtant... C'est comme si elle était étrangère à tout cela.

Ses yeux rencontrèrent alors ceux du jeune homme et n'ayant même pas aperçut le regard des jeunes filles sur le nouveau venu, elle lui adressa de nouveau la parole. Il n'avait pas l'air méchant, et surtout, il avait l'air de savoir où il était. Elle avait besoins de repère, quoi qu'elle n'en trouve pas vraiment d'utilité, les réflexes étaient toujours présents.

"Toutes les filles sont ainsi ? Vexées avec un rien, s'approchant d'un inconnu ? Parlant trop fort ? Pas que cela me gène véritablement, je m'en fout, mais finalement, c'est plus ennuyant qu'autre chose. Cela trouble mon espace de calme. Et puis, à quoi ça sert ?"

La jeune fille se redressa, et épousseta ses vêtements. Elle se tourna vers Vivian, et contempla leur rapport taille/corpulence. Elle n'en avait rien à faire, certes, mais le jeune homme était un poil plus petit qu'elle et un poil plus maigre. Sauf que lui, il ressemblait étrangement à un mort, avec sa peau blanche et son air chétif. Chétif... Bien qu'il ne soit pas non plus maigre, elle avait l'impression que tant qu'il était plus fin qu'elle, il était chétif. C'était subjectif, comme impression.Il n'avait pas beaucoup plus de vie qu'elle au fond des yeux, et elle ne ressentit rien en découvrant cette non vie. Elle paraissait sans doute plus blanche encore, à cause de ses cheveux trop noirs et des ses yeux trop profond. Lui, il avait des yeux bleus. Et un air sage. Elle avait bien l'impression que ce n'était qu'un air et ne s'attarda pas la dessus. Une autre qu'elle l'aurait sans doute trouvé bien sexy et attirant. Mais elle n'y pensa même pas. Elle bailla puis s'étira.

"Au fait, on est où ?"

Oui, elle n'en avait aucune idée. Elle s'était retrouvé là, et puis c'était tout. Elle voulait juste fuir la réalité encore un peu, se dire qu'elle était un mec, qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait, qu'elle pouvait se perdre, crever seule ou avec d'autres, se sentir aimer, se sentir regarder se sentir seule. Qu'elle pouvait crier, dormir et s'effondrer sur l'herbe verte sans que personne ne lui dise rien, et puis ensuite revenir vers la réalité et affronter le regard des autres. Parce que, le regard des autres, cela ne lui faisait rien. Ils l'effleuraient avec difficulté, et comme elle n'en avait que faire, ils finissaient pas ne plus s'intéressait à elle.

Elle voulait juste un peu de paix.